a N. Drolc film 2024 - FR / USA - 86 minutes
S’agissant des USA, il y a différentes façons de prendre le pouls d’un pays exagérément malade d’une vie politique indigne, d’un parti-pris économique affligeant et d’une harassante présence religieuse. Celle de Nicolas Drolc n’est pas la moins originale. Qui, bien aidé du musicien Andy Dale Petty, figure marquante des Bungalow Sessions, projet antérieur, a concentré son regard sur l’extrême Ouest, couvrant de San Francisco et le nord Californie jusqu’à Seattle, transitant très logiquement par Portland et l’Oregon. À se promener dans les décombres d’une contre-culture désormais vacillante et racontée par ceux l’ayant vécue de près. Beatniks, freaks, punks ou grunge ayant tous ont en commun cette sidération à contempler, aujourd’hui, un monde devenu irrémédiablement hostile.
Un film tout sauf neutre, porté par deux grandes idées, l’une étant de ne jamais montrer les intervenants et l’autre, découlant de la première, de laisser l’image illustrer le propos. Alors, alternant plans larges et ceux plus resserrés, les premières images de Western Lands nous remettent à l’esprit à quel point ce paysage est ensorcelant. Et cinématographique. Nous renvoyant à cet imaginaire appris via films, tv ou littérature. Avec l’écrasante présence d’une nature à couper le souffle, et ces cascades de plans fixes où seul l’œil souligne. Le docu, road movie ne s’en cachant pas, offre aussi une fascinante succession d’enseignes lumineuses de motels ou diners interchangeables, le tout traversé d’images de circulations sur d’imposantes routes toisant l’infini. Voitures et camions, que l’on suit ou croise, accentuant l’impression d’un constant mouvement. C’est simplement beau à regarder !
Ajoutons que depuis Big Sur jusqu’à Anacortes, le Pacifique pourrait être la grande vedette du film, dont l’immensité éblouit, même si, rendu à proximité de la frontière canadienne, la précieuse luminosité du début mue en un ciel davantage sombre et
bas, occasionnellement neigeux, comme pour mieux donner corps aux propos souvent moroses des intervenants. Comme si la majesté des lieux ne pouvait se substituer à la réalité du terrain. Et la force de Western Lands, tout en témoignant d’un décor magnifié, est de ne surtout pas occulter cet aspect-là. Bel exemple de cinéma- vérité !
Alain Feydri
In "Western Lands," Nicolas Drolc takes a unique approach to capturing the pulse of the USA, a nation grappling with a disheartening political life, economic disparity, and an overbearing religious presence. Teaming up with musician Andy Dale Petty, a key figure in The Bungalow Sessions, Drolc embarks on a journey through the Far West, from San Francisco to Seattle, with stops in Portland and Oregon. Along the way, he delves into the remnants of a fading counter-culture, as narrated by those who lived it — beatniks, freaks, punks, and grunge artists alike, all expressing their bewilderment at a world growing increasingly hostile.
This documentary, anything but neutral, is driven by two distinctive choices: first, never showing the speakers, and second, letting the imagery tell the story. Drolc masterfully alternates between wide and tight shots, reminding us of the cinematic beauty of the Western landscape. His lens captures an evocative world shaped by film, television, and literature, set against the backdrop of breathtaking nature. From vast highways filled with endless streams of cars and trucks, to neon motel signs and roadside diners, the film exudes a constant sense of movement — and it's visually stunning.
The Pacific coast, stretching from Big Sur to the Canadian border, emerges as the film’s silent star. The ocean’s shimmering vastness at first dazzles, but as the journey progresses north, the light dims and the skies grow heavier, often snowy, mirroring the darker reflections of the interviewees. The grandeur of the landscape cannot overshadow the grim realities they describe, a contrast that forms the heart of the film. Western Lands doesn’t shy away from these truths, offering a raw, vérité-style portrait of the American West, where beauty and bleakness coexist in striking harmony.
Alain Feydri (translated by M.A Littler)